Kanopé et les CAE dans LesEchos

Créateur et salarié ? La co-entreprise a le vent en poupe !

Statut/Les coopératives d’activité et d’emploi inventent de nouveaux modèles d’entrepreneuriat. Découverte et témoignage.

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extrait : groupe-2620

« Un salariat qui ne serait pas la négation de l’esprit d’entreprise, et un entrepreneuriat qui ne serait pas le contraire du salariat » : comme en écho aux récentes déclarations d’Emmanuel Macron sur la fléxi-sécurité, Dominique Babillote, président de Coopérer pour Entreprendre (www.cooperer.coop), défend avec cœur un modèle d’entreprise pour le moins atypique. Sa structure, qui ouvre ce 30 juin ses universités d’été, fédère des coopératives d’activité et d’emploi (CAE).

Quesako ? « Il s’agit d’une entreprise qui accompagne les personnes souhaitant créer, dans un processus d’apprentissage de l’entrepreneuriat et de la coopération », avance Dominique Babillote. Une sorte d’ovni dans le paysage traditionnel de l’entreprise, et qui a dû attendre l’an dernier afin d’avoir une existence légale.

Les CAE ont en effet été reconnues par la loi sur l’économie sociale et solidaire du 31 juillet 2014 et des décrets d’application sont attendus pour la rentrée 2015. Par ailleurs, nouveauté introduite par la loi, ces entrepreneur-salariés auront l’obligation de devenir associés de leur coopérative dans un délai de trois ans.

A ce jour, Coopérer pour Entreprendre regroupe une centaine de ces CAE, soit 7.000 entrepreneurs-salariés générant 75 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Ces entrepreneurs ont la particularité d’être à la fois autonomes dans la création et le développement de leur activité, tout en bénéficiant du statut de salarié.
En pratique :
Les entrepreneurs au sein d’une CAE n’ont pas à créer de structure juridique, la gestion administrative de leur entreprise étant prise en charge par la coopérative, et sont rattachés au régime général de la sécurité sociale. Ils ont ainsi accès par exemple à une couverture santé, à une mutuelle à compter du 1er janvier 2016, ils cotisent aux Assedic, etc. Leur salaire est fonction des bénéfices qu’ils génèrent grâce à leur activité, déduction faite des cotisations sociales et de la participation aux frais de la structure commune.
Créer, mais pas seul

« La CAE me permet de mieux structurer mon activité, qui n’est pas régulière, témoigne ainsi Laura Winn, qui a lancé son entreprise de conseil en économie sociale et solidaire au sein d’une CAE (voir témoignage ci-dessous). Je peux facturer et surtout je travaille avec un accompagnateur qui me fournit des indicateurs afin de déterminer quand je pourrais me salarier. J’ai aussi accès à un outil de gestion en ligne, qui me permet de gérer mes devis, ma facturation. La CAE gère tout l’administratif (fiche de paie, TVA, etc.), ce qui m’offre la possibilité de me concentrer sur mon activité. »
Et, lorsque son activité se développera, Laura acquièrera des parts sociales et deviendra entrepreneur-associé de la CAE, lui permettant de s’impliquer dans la vie de cette structure.

Des filiales spécialisées

Entreprendre dans une CAE est accessible à tous types d’activité, hormis les professions réglementées. On peut y trouver aussi bien un traducteur qu’un maçon, une experte en environnement qu’un relieur. « Nous avons aussi créé des logiques de filiales spécialisées dans le secteur de la culture, du bâtiment, des services à la personne ou de l’agrirural, précise Dominique Babillote. Ceci car ces métiers ont des besoins particuliers, par exemple en terme de réglementations spécifiques, d’assurance obligatoire, d’accompagnement. »

A l’heure où la création d’entreprise s’est non seulement démocratisée, mais est aussi fréquemment citée par les pouvoirs publics comme une source de lutte contre le chômage, les CAE ont nombre d’atouts pour se développer : «Nous proposons une vision de l’entreprise très particulière, estime Dominique Babillote. Certains ont envie d’entreprendre mais ont besoin de soutien. D’autres sont contraints de le faire, tout simplement pour se créer un travail. Or, tout le monde ne nait pas avec cet esprit d’entreprise et notre système éducatif ne forme pas à devenir entrepreneur. Le salariat comme modèle unique ne sera plus la norme, et il s’agit d’accompagner au mieux ceux qui ne se sentent pas fait pour se « vendre » » ! Un discours hier atypique mais aujourd’hui qui trouve son écho dans d’autres tendances telles que le développement des Scop, le management participatif, etc. L’entrepreneuriat collectif a le vent en poupe !
Pour preuve, la multiplication des espaces de co-working. Des CAE ont d’ailleurs développé leur propre espace de « coop-working ». « Nous faisons de l’économie collaborative depuis 20 ans, lance pour illustrer ce phénomène Dominique Babillote. A nous d’imaginer les CAE 3.0 » En effet, le défi des CAE aujourd’hui est d’accompagner une nouvelle génération d’entrepreneurs.

Auto-entrepreneur, portage, CAE : quelles différences ?

Les formes de créations atypiques sont en plein développement. On l’a vu avec l’émergence de l’auto-entreprise, avec le portage salarial également. Les différences ? Nombreuses. D’un point de vue pratique, par exemple, l’auto-entrepreneur est presque à l’opposé de la création en CAE, en ce sens que c’est la plongée dans l’indépendance pure, sans droit à la retraite par exemple. Côté portage, les professions concernées sont beaucoup plus restreintes, en général concernant des consultants, et souvent avec une sélection à l’entrée, les sociétés de portage ayant un objectif fort de rentabilité.

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